Skip to main content

Monter … descendre

Tea Frigerio
124
4 Mars 2023

Le 2e dimanche de Carême nous sommes toujours invités à monter sur le mont Thabor, la montagne de la lumière, et à contempler. En réalité, les communautés de Mathieu parlent d’un mont, sans donner le nom. L’évangile selon st Mathieu nous invite à trois reprises à monter sur le mont, sans spécifier son nom. Il est comme si, quand les croyants écoutent le mot “mont”, ils savent déjà où il faut aller. En revanche nous, nous devons nous arrêter, lire et penser pour comprendre. Il nous faut nommer la montagne, en défigurant ainsi le message de l’Evangile.

Quand st Mathieu parle du “mont”, ses destinataires savent où il faut aller. C’est le Mont des Béatitudes (Mt 5,1ss), le Mont de la Transfiguration (Mt 14,1ss), le Mont de l’envoi (Mt 28,16). Jésus monta sur le mont et il chanta : « Heureux... Heureux… Heureux … ». C’est un hymne passionné qui invite à sortir de la multitude et à aller vers Lui pour le suivre et devenir disciple. Jésus monta sur le mont avec Pierre, Jacques et Jean et là, la voix venant du Père dit : « Écoutez-le ». Les disciples rentrent en Galilée et ils se rendent sur le mont que le Ressuscité leur avait indiqué en leur confiant la mission : « Allez, faites de toutes les nations des disciples ». C’est le Mont de la Loi donnée à Moise, le Mont de la rencontre avec ce Dieu qui est libre et toujours nouveau, d’Elie, le Mont de l’Alliance. Aujourd’hui, c’est notre Mont.

En ce 2e dimanche de Carême, la mémoire, l’histoire, la vie des communautés de Mathieu nous invitent à monter sur le mont, à devenir comme Pierre, Jacques et Jean pour revivre avec eux l’expérience de la lumière, car le Mont Thabor signifie lumière, le mont de la Lumière.

Nous remarquerons que pour les communautés la mémoire est le centre de leur Evangile. Tout au long du cheminement du discipolat, ces communautés ont témoigné que les protagonistes des Béatitudes sont les pauvres, les affligés, les souffrants, les faibles. Les humiliés, ceux qui ont faim et soif ont été le cœur de la mission: Jésus les a accueillis en les soignant, les consolant, leur rendant la dignité, les écoutant.

Ils ont annoncé qu’il faut avoir un cœur ouvert aux pauvres, qu’il faut avoir miséricorde, les yeux purs et transparents, libres du désir de posséder, de concentrer, avoir le cœur ouvert pour vivre l’engagement à semer et faire fleurir la paix, shalom, la vie en plénitude pour tous.

Or, en montant sur le mont, les communautés de Mathieu se rappellent de cela, mais elle rappellent aussi l’hostilité des scribes et des pharisiens, les menaces de ceux qui gèrent le pouvoir.

Elles gardent à l’esprit ce que Jésus a dit: “Qui veut me suivre doit porter sa croix”, elles se rappellent qu’il y aura des persécutions, qu’il a été flagellé, mis à mort. Elles se rappellent que parmi les heureux il y a ceux qui ont faim et soif de la justice, que la justice marche avec la miséricorde, que Jésus a dit : « Cherchez le Royaume et sa justice »…

La montée est fatigante, on marche à bout de souffle, il nous est demandé effort et concentration, mais quand on arrive au sommet : que d’émerveillement ! Les yeux contemplent l’horizon et on est ébloui. Pierre, Jacques et Jean sont éblouis par la lumière de Jésus, cela n’est pas une lumière extérieure, mais elle vient de Jésus, il est rayonnant. Ils contemplent la plénitude de vie du Ressuscité.

Jésus n’est pas seul, Moise et Elie sont avec lui.

Moise représente l’expérience de ce Dieu qui descend pour libérer, pour conduire tout au long du désert, pour donner une loi qui est centrée sur la vie et qui établit une alliance.

Elie représente le père du prophétisme, celui qui abandonne le palais du roi pour se mettre à l’école de la création, des derniers, qui s’ouvre à la nouveauté du Dieu, qui parle dans les petites choses et qui reste fidèle.

En Jésus l’ancien devient nouveau, les promesses sont accomplies, Dieu descend et il s’identifie avec l’humanité et il conduit notre histoire vers la vie et la plénitude du Royaume.

Pierre s’exclame, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes pour vois, il est bon et nous pouvons rester ici. Une voix depasse la sienne: « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! ». Leur face contre terre. Ils eurent peur et Jésus leur dit: “N’ayez pas peur” et il les invita à descendre. Il faut descendre et cheminer vers Jérusalem.

Carême signifie monter sur le mont, nous laisser conduire en nous détachant de la banalité quotidienne, de la tiédeur, de la médiocrité, de la lumière qui est en train de s’éteindre. Cela nous demande de garder le regard sur la route, de marcher et respirer profondément. La montée peut nous décourager et nous pouvons penser de rentrer. Il faut persévérer pour arriver jusqu’au bout et contempler la lumière dont Jésus rayonne, cette lumière qui renouvelle la rencontre avec le maitre et qui nous fait tomber amoureux de Lui et de son Royaume.

La joie de cette expérience mystique nous permet de dire, comme Pierre : faisons trois tentes, il est bon de rester ici, cela nous console. Jésus vient vers nous et il nous dit: il est temps de descendre, de reprendre la route pour rencontrer, accueillir, consoler, soutenir, reconnaitre, écouter, aimer. Une voix nous indique ce qu’il faut qu’on garde pendant le retour: «ECOUTEZ-LE».

Ecouter Jésus, le reconnaitre dans sa Parole, écouter sa voix quand les frères et les sœurs parlent, écouter sa voix dans les voix qui semblent nous blesser. Savoir le reconnaitre et répondre, marcher ensemble. Jésus se fait proche, il touche nos peurs, nous hésitations et il nous dit : « LEVE-TOI, NE CRAIGNE PAS ! »

Ose le saut et, si tu es déjà en route, avance ! Lors des difficulté, dans le conflits, quand tu tombes, quand tu es dans la joie, il te dit : « NE CRAINS PAS, JE SUIS AVEC TOI ».

Ruah de Dieu, Nous te demandons de marcher avec nous. Pour nous montrer la route. Pour rendre nos pas solides, Pour respirer avec nous. Au sommet, Soigne nos yeux. Donne-nous de contempler Jésus lumière. Renouvelle notre amour envers lui et son Règne

Ruah de Dieu, viens avec nous quand nous descendons guide nos pas apprends-nous à écouter à ouvrir nos mains pour soigner et consoler habite nos cœurs pour l’allumer de ton feu d’amour. Amen !